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Accueil du site // // Sally Bonn // J261 - Corrections

18 septembre 2011 - J261

Après une tentative de vive accélération, de montée en puissance et en inquiétude au moment de la rentrée, un affaiblissement du rythme se fait sentir.

À présent, la reprise imminente des activités universitaires, des aller-retour en train, des cours, du temps fragmenté, de cette dispersion ; la fin de ce temps entièrement consacré à l’écriture et qui, maintenant qu’il disparaît, m’est soudain si précieux, si bon ; fin de ce temps intense, à l’intérieur même de l’écriture, presque confortablement installée dans l’écriture, ou du moins, confortablement installée dans l’inconfort de l’écriture, mais dedans. Maintenant, ce temps perdu et déjà regretté de l’entièreté va faire place aux incursions temporaires, aux rattrapages, aux collages, aux montages. Le texte est presque fini, la troisième partie quasi terminée. Mais dans ce presque, dans ce quasi, vont à présent se faire jour toutes les interrogations, les doutes, les imprécisions. La linéarité de l’écriture et l’entièreté m’avaient en quelque sorte et en grande partie (pas totalement) prémunie contre les "temps d’arrêt" et autres moments de suspens, mis à part ceux inhérents aux changements de zones, de parties. Là, il me semble que l’ouverture, au temps, à l’espace, au mouvement, va faire rentrer toutes sortes de scories. Défaire la totalité.

Et pourtant, c’est aussi bien cela qui a été cherché tout au long de ces semaines, de ces mois, au fil de la lecture et de l’écriture, de débusquer ces discontinuités constitutives à l’oeuvre dans les oeuvres comme dans les textes des artistes qui brisent la linéarité de l’histoire telle que l’a pensée le modernisme, selon cette idée que les oeuvres s’enchaînent les unes dans les autres selon une sorte de progression. Pas de progression, mais des retours, des rebondissements et des transformations, des bifurcations, sur le fond d’une histoire que Didi-Huberman dit anachronique. Des interruptions.

Foucault dit que l’histoire des sciences est discontinue, c’est-à-dire qu’il faut l’analyser comme une série de "corrections". Après avoir pris en compte l’incidence des interruptions, vient maintenant le temps des corrections.