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6 juin 2011 –J157


J’ai un peu dérogé à la règle ces derniers temps, celle que je m’étais imposée dès le 1er janvier – règle d’ascétisme. J’ai tenu quatre mois, quatre mois que je suis obligée de considérer comme relativement productif. Est-ce la reprise, très modérée d’une vie d’apparence normale ou bien seulement l’usure qui me tient légèrement à distance de mon travail ? Je ne sais. Ce samedi, sans doute un peu d’exagération. Un temps d’orage qui s’est comme étendu – jusqu’au dîner chez Arthur A. et Elodie I.

Elodie I. me demandait pourquoi ne pas exposer – dans cette résidence - les conditions d’écriture, mais il me semble que ce qui accompagne le récit ou l’exposé de ces conditions a quelque chose de l’ordre du « biographique » ou du journal et sort du principe de cette chronique. (Je remarque, du coup, que je ne lui ai pas trouvé de désignation. Celui de résidence est sans doute celui qui est le plus adapté, dans la mesure où ce travail m’assigne à résidence.)

Pour reprendre l’opposition entre discours philosophique et biographie – selon les termes de R. L. – la question d’Elodie me semble juste, mais je ne suis pas sûre de savoir y répondre, de quelle manière exposer les conditions de l’écriture sans entrer dans le « biographique » ? Y a-t-il un récit de l’expérience qui se tienne hors du récit personnel ? Je crois que c’est le propre, justement, de ces textes d’artistes, dans leur faculté à dire quelque chose du réel, d’un réel en train de se faire, sans en exposer la part anecdotique. Du nécessaire et de la contingence, sans les scories du quotidien. Simplement dire le nécessaire – l’exigence d’écrire :

« Ecrire, c’est-à-dire répondre à l’exigence d’écrire, obéir à l’impératif, dire cette exigence, c’est en effet s’acheminer vers…, avancer vers… - aventure qui rétroagit sur le sujet de l’écriture, voire sur l’homme, d’où le risque permanent : se détourner. Ecrire c’est ouvrir, trouver un chemin vers… Longtemps on ne sait pas vers quoi (en admettant qu’un jour on puisse vraiment répondre à cette question !), mais on sait     seulement d’une expérience douloureuse que le chemin est toujours plus difficile, qu’à partir d’un certain moment faire un seul pas au-delà devient une aventure à peu près impraticable. »

encore R.L.