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Accueil du site // // Sally Bonn // J188 - En miroir

7 juillet 2011 – J188

À présent, je retrouve un peu de silence et de calme, même les cris des enfants de l’école maternelle voisine lors de leur sortie en récréation qui rythment d’habitude mes journées se sont tu. Me voici face au miroir.

« De retour à l’origine, face au miroir, nous nous trouvons maintenant circonscrits par un art qui avance à quatre pattes ». Pistoletto, « Vie verticale – Trans cendance – Sur vivance – Gene ration » (1983).

Face aux miroirs, ceux de Pistoletto, ceux de Morris, ceux de Buren. Pour chacun d’eux, il s’agit de miroirs différents, dont la nature est différente. Miroir spatialisant ou temporel, ils ouvrent certes sur une dimension autre de l’œuvre et de l’art mais selon des points de vue très différents qui pourtant se retrouvent dans ce commentaire que fait Hal Foster évoquant, dans Le retour du réel, l’expérience d’une œuvre en miroir de Robert Morris composée de quatre poutres de bois disposées en un long rectangle, un miroir placé derrière chaque coin afin de refléter les autres, qu’une petite fille parcourait en une performance qui renvoyait à l’auteur le sens propre de l’œuvre, à la fois sur la fonction paradoxale du miroir et de manière allégorique sur les enjeux de l’avant-garde :

« Sa façon de jouer avec l’œuvre exprimait non seulement certaines préoccupations spécifiques de l’art minimal – les tensions entre les espaces que nous percevons, les images que nous voyons et les formes que nous connaissons -, mais aussi l’évolution générale de l’art au cours de trois dernières décennies – nouvelles manières d’intervenir dans l’espace, de construire le regard et de définir plus librement ce qu’est l’art lui-même. Sa « performance » prenait également un tour allégorique en ce qu’elle décrivait une figure paradoxale dans l’espace, un mouvement d’éloignement qui était aussi un retour, et qui évoquait pour moi la figure paradoxale dessinée dans le temps par l’avant-garde. »

Il s’agit à présent de conjuguer ces espaces-temps, leur réflexion, avec les miroirs des artistes, les tableaux-miroirs de Pistoletto, les cubes en miroir de Morris et les cabanes éclatées, en miroir de Buren. 

Je suis un peu, dans l’écriture, comme devant les tableaux-miroirs de Pistoletto, au seuil de la représentation, dans un espace intermédiaire qui me réfléchit comme je le réfléchis. L’écriture est-elle miroir ? Ici, pour moi, et là, pour les artistes ?

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