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24.01.2011

Triste temps. Je me perds, passant d’un sous-chapitre à un autre d’une question d’ordre historique à une question purement théorique. Je navigue à vue et ne vois pas grand’chose. Je sors les livres de ma bibliothèque à mesure qu’ils semblent s’imposer et ils constituent autour de moi une sorte de tour qui augmente en hauteur et me laisse de moins en moins de place libre sur le bureau. Je tentai de me souvenir de la raison pour laquelle je tenais tant à finir ce travail – au-delà de la simple nécessité de finir ce que j’ai commencé – et je me suis souvenu qu’il s’agissait à l’origine d’une sorte d’exercice imposé, de méthodologie imposée aussi, afin de ne pas laisser mon écriture s’imprégner de cette manie de l’analogie qui me fait passer d’une chose à une autre, d’une forme, d’une formule ou d’une idée à une autre, et de pouvoir creuser en profondeur un champ spécifique. La manie me reprend un peu ces derniers jours, mais au moins suis-je dans une partie et j’ai tout de même écrit, même si je change de cap encore trop souvent. Cap au pire dit Beckett. Non ?!

 

27.01.2011

« Une composition pleine de trous », je me souviens de cette phrase dite par Raoul Coutard à propos de la Ronde de nuit de Rembrandt qu’il décrit dans l’ouverture de Passion de Godard. C’est bien une composition pleine de trous que ce grand chantier commencé il y a 27 jours. J’ai la configuration générale, un plan non encore détaillé mais en voie de l’être et je remplis progressivement, mais pas dans l’ordre, ces trous, par petites touches. À certains moments, il me semble que tout se confond, tout s’interpénètre, c’est à la fois le gage d’une certaine cohérence, mais en même temps le danger de la confusion.

 

31.01.2011

Fin du premier mois. J’ai un peu cessé de compter les pages et même si je tente de maintenir le protocole, il n’est plus qu’une nécessité un peu lointaine (je sais juste qu’à J+ 30, j’ai environ 38 pages, avec pages de garde). Au-delà de ces préoccupations un peu triviales, ce sont des questions plus complexes qui se posent, concernant des délimitations du champ théorique, mais aussi la place et la nécessité de commenter les différentes théories du langage ou sur le langage et leur place dans les interrogations des artistes. Pour l’instant, je suis installée dans la première partie, celle qui porte sur les textes des artistes, qui vise à délimiter un territoire (trouvé hier un des derniers livres de JF Chevrier intitulé Des territoires qui critique cette notion de territoire qui a envahi le vocabulaire artistique et esthétique, entre autres), celui de textes dont je ne suis pas sûre qu’il faille les nommer « théoriques », même s’il faudra reprendre la formule que Buren utilise et emprunte à Althusser de « pratique théorique », je doute de la formulation de texte « théorique ». Le principe de ces textes des artistes n’est pas de faire une théorie – contrairement aux artistes conceptuels ? – mais alors, quoi ? Que font-ils ? Il y a cette dimension autoréflexive dans ces textes, mais sans la dimension tautologique des textes-œuvres des artistes conceptuels. Autoréflexivité à laquelle je m’emploie également ici dans ce qui n’est pas un journal, mais peut-être quelque chose comme une chronique ? L’autoréflexivité ne suppose cependant pas de rapport biographique. Ce n’est pas le sujet qui est en question, mais la pratique de l’art et les œuvres. La question de la définition de ces textes et de leur statut est au cœur du travail entrepris, cela m’apparaît plus nettement.