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Accueil du site // // Sally Bonn // J250 - L’incidence des interruptions

Mercredi 7 septembre 2011 - J250

 

À lire, parcourir, relire des textes, des ouvrages ou des comptes-rendus je suis soudain prise de vertige et je l’avoue, d’un certain ennui, à voir les mêmes noms, ou encore les mêmes thématiques, les mêmes questions formulées, reformulées, énoncées différemment : Foucault, Deleuze, Barthes, Derrida, Benjamin, Blanchot, Beckett, Borges, Robbe-Grillet, Rancière, Badiou..., la liste est encore longue de ces noms et de ces pensées que l’on retrouve dans tous les textes, et qui forment une constellation, celle-là même que présente Benjamin, à travers laquelle se forme des convergences et des divergences, des rencontres, des agencements et des multiplicités.
Je recherche ces lignes de fuite et ces lignes de force dont Deleuze, justement, qualifie le dispositif et sur lequel je viens de finir une partie.

Il me faut trouver le moyen de tirer des lignes qui me permettent de sortir de ce labyrinthe de noms, de notions, de concepts qui reviennent.

La rapide rencontre avec Michelangelo Pistoletto l’autre soir à Londres, était de cet ordre, une sortie de route libératrice, à l’entendre, avec Hans Ulrich Obrist et une chanteuse Gianna Nannini évoquer ce qu’il nomme Il Terzo Paradiso, le Troisième Paradis, ce projet élaboré en 2003 d’une transformation responsable de la société à partir d’une pratique artistique, intellectuelle et sociale, à partir d’un symbole qui est une sorte de nouveau signe de l’infini que Pistoletto reprend depuis sous différentes formes - sculpturales, architecturales, paysagées ou dessinées, il me semblait qu’il avait trouvé là une manière de "sortir" des questions de temps, d’espace, de surface, de perception, de théâtralité... qui consituaient son travail jusqu’alors au profit d’une entrée dans le monde "réel". Cette réalité de la vie, cette confusion au sens positif de l’art et de la vie (au sens où l’entend Kaprow par exemple) m’a semblé enthousiasmante et légère. Et, alors que son exposition à la Serpentine Gallery mettait en scène son grand labyrinthe de carton ondulé, celui montré en 1969 en Hollande ou en 2001 à Lyon, ce que je considère comme une forme d’anachronisme constitutif dans le travail des artistes de mon corpus et qui se déclare comme une attention à ce que Foucault nomme "l’incidence des interruptions" s’est trouvé justifié.

À présent, le temps presse. Presse. De plus en plus.