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Accueil du site // // Sally Bonn // J124 Retour / ESPACE BLANC Chronique de thèse J1

Il faut maintenant reprendre au début, faire retour sur ce qui a été écrit. En italique.

J1

01.01.2011

Je n’aime pas particulièrement nommer ainsi ce qui s’apprête à devenir une forme d’accompagnement de mon travail de thèse que j’ai décidé de commencer aujourd’hui, c’est-à-dire le 1er janvier 2011 et qui doit s’achever en décembre de cette année. Ainsi, je compte suivre le processus d’élaboration de l’écriture de la thèse par une écriture en annexe dont je n’ai pas encore trouvé la définition ou la formulation. Il s’agit de suivre et d’accompagner l’écriture de la thèse par une écriture qui ne subisse pas les lois, règles et contraintes de l’écriture universitaire. Libéré des nécessités liées à ce type d’exercice, le jeu (il s’agit de cela aussi) est donc de comprendre par l’écriture ce qui s’élabore dans le travail de la recherche et de la théorisation. Au fond, il est bien question de cela dans le sujet de ce travail de thèse, justement, et il me semble aujourd’hui, en « commençant » que je ne fais que reproduire ou poursuivre ce que les artistes auxquels je m‘intéresse ont fait eux-mêmes dans le champ des arts plastiques. La question sera également de définir et circonscrire ce champ qui est le mien ou qui s’apprête à l’être, mais c’est bien au cours et dans le cours de ce travail que cela se fera. L’idée de processus est alors essentielle et elle se retrouve dans le travail et le questionnement des différents artistes des années 60 que je vais rencontrer dans ce travail. Le titre du recueil des écrits de Robert Morris est Continuous Project Altered Daily, il y a là quelque chose de cet ordre, un projet modifié quotidiennement qui suit les changements à l’œuvre dans le travail ; un projet continu qui est la vie même selon cette idée que les artistes Fischli & Weiss ont très justement mis en œuvre et en scène dans leur film Der Lauf der Dinge (Le cours des choses), cette œuvre en mouvement, cette structure en action dont les réactions en chaîne ne produisent rien que leur propre mouvement et enchaînement, une série d’agencements sans fin. C’est donc à la fois du point de vue d’une temporalité particulière, cette temporalité particulière autant à l’écriture en soi qu’à l’écriture d’une thèse qui par ce nom même devient une sorte de monstre envahissant et inquiétant que cette sorte de soupape que sera ce journal allègera, que du point de vue de l’élaboration théorique que j’entame ce double travail de l’écriture. Au-delà de la question de la temporalité à travers le déroulement et le processus, c’est aussi la dimension protocolaire de ce projet qui m’intéresse. Enfin, ce journal est aussi un moyen de récupérer ce « je » que le nous universel et universitaire impose, c’est un jeu que ce journal dont le « je » est aussi l’enjeu. Je me suis imposé de commencer la rédaction de la thèse le 1er janvier et de commencer la rédaction de ce « journal » auquel il faut que je trouve un nom, le même jour. C’est fait. Je commence aujourd’hui.