18 juillet 2011 - J199
C’est le jour de F. Je suis sortie du labyrinthe, hier, mais il me semblait, en lisant la préface de Roger Caillois à L’aleph de Borges :
"Rien ne sert de s’efforcer : si loin qu’il s’aventure, l’homme demeure toujours aussi éloigné de l’impensable issue. Dans un labyrinthe, tout se répète ou paraît se répéter : corridors, carrefours et chambres. L’esprit supérieur qui le conçoit - philosophe ou mathématicien - le connaît fini. Mais l’errant qui en cherche inutilement la sortie l’éprouve infini, comme le temps, l’espace, la causalité."
il me semblait que cela décrivait assez bien cette situation dans laquelle je suis depuis quelques semaines, de voir grossir cette forme mouvante qu’est le texte, de le voir gonfler de l’intérieur, reculant toujours l’issue, la repoussant devant moi alors même que le texte avance, que les chapitres se succèdent, que les sous-chapitres s’enchaînent, certes lentement, mais je mets fin, régulièrement, à telle ou telle petite partie. Pourtant, je suis, aussi, l’esprit qui le conçoit. J’ai l’impression de m’éloigner de jour en jour de l’issue, prise dans les méandres, les croisements, les bifurcations et les impasses du texte, illustrant à la fois cette figure ou ce motif du labyrinthe que la littérature moderne a tant utilisé, Borges, bien sûr, mais aussi, plus près : Butor ou Robbe-Grillet. Et puis, Morris, Buren et Pistoletto également comme forme construite, comme métaphore et comme structure (pour une exposition ou pour un catalogue), comme dispositif. Etrange sentiment de correspondance entre les motifs abordés et la poursuite ou conduite de ce texte vivant, mouvant qui est le mien. Celui que je conçois et dans lequel je me perds.