de chine est le titre d’un travail, le lieu "d’où je parle" peut-être toujours, un regard importé, un regard du dedans, un regard d’une vie d’avant. Un regard porté sur Marseille, Bruxelles, ou ailleurs, comme depuis là-bas, un regard d’une proximité extrême, sur une proximité extrême, dans une prise de distance, dans cette distance "chinoise", peut-être un retrait, une pudeur, qui s’approche à peine mais perçoit l’en-dedans. La distance de celui qui reçoit un cadeau sans le déballer mais qui l’apprécie vraiment.
de chine, aujourd’hui, me permet enfin d’arpenter en étrangère la terre où je suis née :
de chine [bruxelles] peut se comprendre comme une sorte de documentaire décalé, polymorphe et ambivalent … Une poétique du document qui n’informerait vraiment ni sur Bruxelles ni sur la Chine mais qui parlerait pourtant et de l’une et de l’autre …
Un cheminement intérieur mis en forme… qui ne tiendrait pas pour autant dans une forme fixe.
Ecrire ici. Dire / ce qui d’ici dit la Chine. Ce qui de la Chine ne me quitte pas.
Ecrire. La Chine d’ici. Le non-dit de la Chine.
Dire / l’ici de la Chine. La Chine absente, souvenir ou prétexte.
Dire ici. Ce que je n’ai jamais fait, ou presque.
Ecrire ici, photographier ici, avec ce qu’ici inspire.
La question du retour, forcément présente.
La quête de la Chine (absurde ? insensée ?), forcément poétique.
Dire, ici / à travers / la Chine. La Chine / à travers / ici.
Ecrire accompagnée.
Par les mots des autres.
Les ouvrages savants. Philosophiques. Poétiques. Curieux.
Un processus de recherche constant.
Ecrire en croisant les citations et mes propres mots.
Les mots aux images. Les images aux sons.
On appelle ça : mode combinatoire.
J’appelle ça : couches de sens.
S’adresser au lecteur.
Son intérêt pour le cheminement.
Sa capacité de recomposition.
Ecrire un livre comme autant de fiches.
Accumulation de fines couches de sens/sons divers et interconnectés, mise ensemble des paroles offertes, processus de documentation/sédimentation des traces, strates de mémoires/citations, images miroirs/tiroirs…
de chine emmène ailleurs que là d’où l’on vient, ailleurs que là où l’on croyait être.
C’est l’intention en tout cas.